Eh bien oui, tout simplement. On peut très bien dire « oui » à la mairie, jeter du riz dans les cheveux du cousin Marc, et partir en lune de miel sans avoir signé un seul contrat chez un notaire. Mais (parce qu’il y a toujours un « mais »), cela ne veut pas dire que vous êtes sans filet. En fait, quand on ne signe rien, la loi enfile automatiquement un costume de notaire et vous colle un contrat d’office : le régime légal, aussi appelé régime de la communauté réduite aux acquêts.
Pas de panique, on va démystifier tout ça. Et promis, sans sortir le jargon de Code civil version 1830.
Pas de contrat ? Pas de problème (enfin presque)
Quand vous vous mariez, même avec une magnifique robe de mariée, sans faire de détour chez le notaire, vous êtes comme ces gens qui partent en randonnée sans lire la météo. Ça peut bien se passer, mais mieux vaut savoir où vous mettez les pieds.
En France, le mariage sans contrat passe automatiquement sous le régime de la communauté réduite aux acquêts. Oui, ça sonne sérieux. Mais en gros, ça veut dire quoi ? Que tout ce que vous achetez après le mariage est à vous deux. Même si c’est Monsieur qui paye la voiture de sport ou Madame qui investit dans un petit studio à Lille : c’est à vous deux, sauf si vous prouvez que c’était un héritage ou un bien acquis avant l’union.
Alors oui, on peut se marier sans signer de contrat. Mais ce n’est pas tout à fait sans conséquences.
Qu'est-ce qu'on partage exactement ?
On partage les biens achetés pendant le mariage, les revenus, les économies faites ensemble. Mais aussi... les dettes. Et oui, les dettes contractées pour le ménage (on ne parle pas que d’aspirateur ici) engagent les deux. Une machine à laver, une voiture familiale, un prêt travaux : c’est du 50/50, même si l’un des deux snobe les factures.
Et ce qu’on ne partage pas ?
Les biens achetés avant le mariage, les héritages, les donations – ça, ça reste personnel. À moins, bien sûr, que vous les transformiez en bien commun (par exemple, en mettant le nom de votre moitié sur l’acte d’achat d’un appart hérité). Là, c’est comme verser son chocolat chaud dans le bol de l’autre : c’est fusionnel… et irréversible.
En cas de divorce, on fait comment ?
Ah, le grand frisson. Si vous divorcez sans contrat préalable, la communauté réduite aux acquêts implique que vous divisez tous les biens achetés après le mariage. Et on ne parle pas ici de qui garde le chat. On parle d’argent, d’immobilier, d’investissements. C’est du sérieux.
Si vous avez des biens propres, ceux-là ne seront pas touchés. Mais tout le reste, y compris le compte commun où vous versiez vos salaires, devra être partagé équitablement.
Le rôle du contrat de mariage (qu’on a volontairement évité ici)
Pourquoi alors certaines personnes signent un contrat de mariage ? Parce qu’elles veulent choisir leur régime. Le contrat, c’est un peu comme un menu à la carte : vous pouvez opter pour la séparation de biens, la communauté universelle, ou même des arrangements maison. Un peu comme le choix d’une robe de mariée bohème plutôt qu’une classique : c’est une question de style, de personnalité, et surtout de liberté de décision.
Mais si vous ne signez rien, ce n’est pas illégal, ce n’est pas étrange, ce n’est même pas rare. En fait, la majorité des couples mariés n’ont pas de contrat de mariage. Ils suivent juste le régime légal sans se prendre la tête.
Ce n’est pas réservé aux « riches »
On pense souvent que le contrat de mariage, c’est pour les grosses fortunes, les héritiers, les gens qui se marient avec trois villas et une entreprise dans la poche. Mais pas du tout. Le contrat peut aussi protéger un artisan, une personne endettée, ou simplement un couple qui veut mettre les choses au clair dès le départ.
Mais bon, si vous êtes du genre « on verra bien », la loi a prévu le coup.
Est-ce qu’on peut changer d’avis plus tard ?
Bonne nouvelle : oui. Si vous avez dit « oui » à la mairie sans contrat, rien ne vous empêche d’aller voir un notaire quelques années plus tard et de dire : « Bon, finalement, on aimerait changer notre régime. » C’est tout à fait possible. Il faut juste l’accord des deux, et parfois l’avis d’un juge si des enfants sont concernés.
Les petits pièges du mariage sans contrat
On ne va pas se mentir : ne pas faire de contrat, c’est confortable. Mais il y a des cas où cela peut se retourner contre vous. Genre :
-
Si l’un des deux a des dettes perso. Même si elles ne sont pas liées au couple, ça peut affecter le patrimoine commun.
-
Si vous montez une boîte. Une faillite peut engloutir les biens communs (et donc ceux de votre conjoint·e).
-
Si vous héritez et que vous mélangez tout dans un compte commun, ce qui était à vous seul peut devenir un bien partagé. Oups.
L’achat immobilier à deux sans contrat
Beaucoup de couples mariés achètent leur résidence principale ensemble. Un peu comme on choisit une Robe de Mariée Princesse à deux, en rêvant du grand jour. Et sans contrat, cet achat entre dans la communauté. Si l’un met 70 % et l’autre 30 %, la loi ne s’en soucie pas. C’est moitié-moitié. C’est beau l’amour, hein ?
Mais en cas de séparation, celui qui a mis le plus risque de grincer des dents.
Et si on vit à l’étranger ?
Ah, le cas des expats. Si vous vous mariez en France, le régime légal s’applique. Mais si vous vivez à l’étranger ou vous êtes marié à l’ambassade, c’est parfois le droit du pays d’accueil qui s’applique. Et là, ça peut vite devenir un casse-tête administratif. Donc un conseil : si vous vivez ailleurs, renseignez-vous, et vite. Plus d'infos ici.
En résumé : le mariage sans contrat, c’est pas un saut dans le vide
C’est encadré, prévu, balisé. Vous ne partez pas à l’aventure sans carte. Mais ce que vous ne faites pas chez le notaire au départ, la loi le fait pour vous. Avec ses règles à elle.
Pas de contrat ? Pas de souci immédiat. Mais mieux vaut savoir ce que ça implique, pour éviter les mauvaises surprises si la vie devient un peu moins rose bonbon.
Mariage sans contrat : pour qui, pour quoi ?
-
Pour les romantiques qui n’aiment pas parler d’argent.
-
Pour les pressés qui organisent un mariage en deux semaines.
-
Pour ceux qui n’ont pas de gros patrimoine (encore).
-
Pour ceux qui font confiance à la loi française.
Mais aussi :
-
Pour ceux qui ignorent qu’un contrat peut éviter des conflits futurs.
-
Pour ceux qui pensent que l’amour suffit à tout régler (c’est mignon, mais non).
Un petit quiz mental avant de dire « oui » sans contrat
Voici quelques questions à se poser avant de faire l’impasse sur le notaire :
-
Est-ce que l’un de nous a des dettes ?
-
Est-ce que l’un est entrepreneur ?
-
Est-ce qu’on compte hériter ?
-
Est-ce qu’on achète un bien immobilier ensemble ?
-
Est-ce qu’on a une répartition inégale des revenus ?
Si vous avez répondu « oui » à une ou plusieurs, un petit détour par le notaire ne serait pas un luxe.
Ce que le contrat de mariage ne changera jamais
-
L’amour (ou l’absence d’amour, d’ailleurs).
-
Le partage du gâteau au mariage.
-
Les disputes pour savoir qui fait la vaisselle.
Un contrat ne rend pas un couple plus solide. Mais il peut éviter de rendre la séparation plus douloureuse.
Le mot de la fin : se marier sans contrat, c’est possible... mais pas neutre
Alors voilà, vous pouvez tout à fait vous marier sans signer de contrat. Vous n’irez pas en prison, et le maire ne vous demandera pas le tampon du notaire. Mais ce choix a des conséquences concrètes sur votre vie patrimoniale. C’est un peu comme ignorer les petites lignes d’un abonnement : tout va bien… jusqu’au jour où ça pique.
Et comme tout ce qui touche à la vie de couple, mieux vaut en parler avant que ça n’explose. Ce n’est pas très romantique, mais franchement, c’est plus sain que de se crêper le chignon devant un juge.